30 janvier 2010

La conspiration des médiocres

Encore lu hier un post haineux sur Avatar. Argument de cette chose risible: Avatar, comme l'iPad d'Apple serait, je cite "du marketing et c'est tout."

Passons rapidement sur la comparaison audacieuse entre rottweiler et camembert, dont l'audace intellectuelle coupe le souffle. Du marketing, mais bien entendu… Le terme "marketing", est manifestement employé par quelqu'un qui n'a qu'une idée très approximative de la discipline. Pour ce quidam infantile, le marketing est une sorte de concept magique. De la magie noire bien entendu, qui explique le succès des autres. Plus le succès est grand, plus le marketing sera dit agressif.

A l'inverse, quand on se plante, c'est la faute à pas de chance, c'est à dire, dans le désordre: le public qui n'est pas prêt (dans ce cas, utiliser le terme œuvre ambitieuse), le distributeur, toujours incompétent et mercantile (dans ce cas, les deux termes seront alors supposés compatibles), le producteur, qui aura rogné sur le budget, et/ou massacré au montage. La critique peut aussi être tenue pour responsable.

Trêve de plaisanterie : ce commentaire est surtout l'un des innombrables avatars du dogme tout puissant : le talent est incompatible avec le succès. Avatar ayant dépassé le seuil obscène du milliard de dollars ne peut qu'être une daube commerciale, naïve et frôlant le plagiat, vendue grâce au mystérieux et très louche marketing, qui hélas fonctionne exclusivement pour les daubes, et enterre les vraies et belles œuvres. Lumineux.

Le fait qu'Avatar soit un tel succès ne peut en aucun cas être le fait improbable d'une création léchée, efficace sur de multiples plans (concept, image, technique, jeu) et qui impressionne durablement l'imaginaire et les sentiments d'un public considérable.

Prendre ces enfants, adultes, hommes et femmes, jeunes ou vieux pour des victimes crédules d'un "simple marketing" est pitoyable et insultant.

C'est surtout stupide.